La toute première séance du conseil municipal de Québec, tenue hier soir, nous donnait un avant-goût des quatre prochaines années : un conseil renouvelé, de jeunes élus et une nouvelle collaboration à surveiller.
Le parti du maire Marchand, Québec Forte et Fière, toujours majoritaire, et le parti du chef de l’opposition officielle, Respect Citoyen, devront apprendre à collaborer pour les prochaines années, après une campagne électorale épineuse.
Julie-Anne Perreault - CKIA - IJL
Projet de tramway : un premier test pour la collaboration
Cette collaboration, rappelons-le, sera mise à l’épreuve dans le dossier du tramway, pour lequel Respect Citoyen en a fait son cheval de bataille.
En point de presse avant la séance du conseil, le chef de la formation, Stéphane Lachance, a tenu à rappeler son désir de collaboration avec l’équipe de Québec Forte et Fière, sauf pour le dossier du tramway, qui a évidemment été à l’ordre du jour de la première séance de cette nouvelle législature.
Expropriations sur la 1re Avenue
Tel que rapporté par Le Journal de Québec mardi, l’administration Marchand a passé en deuxième vitesse dans son dossier de transport structurant en votant par blocs une vingtaine de sommaires décisionnels sur des expropriations envisagées sur la 1re Avenue, à Limoilou, hier soir.
Deux restaurants, un dépanneur, un immeuble d’appartements sont visés par l’équipe de Marchand. Le dépanneur Couche-Tard, les Brûleries Limoilou, une succursale Pizza Salvatore, le restaurant Tu-Bong et un immeuble à logements — 3077-3079 de la 1re Avenue — sont notamment dans le viseur de la Ville pour permettre l’élargissement de la 1re Avenue et l’implantation d’une station du futur tramway.
En conseil, mardi soir, les trois élus de Respect Citoyen — Mélanie Sauvé, Marc Roussin et Stéphane Lachance — ont été les seuls à voter contre les expropriations, sans pour autant freiner l’adoption des mesures puisque Québec Forte et Fière détient une large majorité.
Les expropriations seront évitées s’il est possible d’en venir à une entente avec les propriétaires, selon le maire Marchand. Il est question d’expropriations partielles et, dans certains cas, d’expropriations complètes, dites « nécessaires ».
« On a le meilleur programme de soutien aux commerçants au Canada, mais ce n’est pas une raison pour ne pas le bonifier ou mieux travailler avec nos commerçants. »
- Bruno Marchand, maire de Québec
Ce dernier s’est aussi voulu rassurant sur les impacts à court terme pour l’avenue, alors que des entreprises ou commerçants pourraient vouloir la déserter dans l’avenir.
Jeunesse et renouveau
Cette première séance a également marqué l’entrée en fonction de Gabriel Dusablon, le plus jeune président de l’histoire du conseil municipal de Québec. Bien qu'à l’aise dans son nouveau rôle, il a su ajouter quelques pointes d'humour, notamment en lien avec les décisions sur le tramway.
Chaque élu a aussi pris la parole, dont Élainie Lepage, conseillère de Québec Forte et Fière pour Saint-Roch–Saint-Sauveur.
Le conseiller Raymond Poirier a pour sa part rappelé l’importance de « construire ensemble notre Limoilou ».
L’incinérateur de Limoilou s’invite à la première séance
C’était l’une des promesses du maire de Québec, Bruno Marchand, lors de la dernière campagne électorale. Le maire, réélu le 2 novembre dernier avec 49,4 % des voix, s’était engagé à construire un nouvel incinérateur d’une valeur d’environ un milliard de dollars.
Le chef de Québec Forte et Fière disait vouloir se donner 10 à 15 ans pour sortir l’incinérateur de Limoilou et le déplacer près de la nouvelle usine de biométhanisation de Beauport.
Parmi les autres promesses avancées lors de la campagne, le maire Marchand avait mentionné vouloir accélérer les audits de l’incinérateur actuel, doubler les investissements de 10 M à 20 M, en plus de lancer une campagne de sensibilisation citoyenne sur la réduction des matières résiduelles.
Rappelons qu’un rapport présenté par la Santé publique de la Capitale-Nationale en 2023 faisait état des effets néfastes des particules fines dans l’air sur la santé cardiovasculaire et respiratoire des résidentes et résidents de la Basse-Ville de Québec. Lancé en 2017, mais ralenti par la pandémie, le projet « Mon environnement, ma santé » rapporte même que l’exposition à ces particules entraîne des décès prématurés de 33 adultes par année.
Maintenant que son nouveau mandat est entamé, le maire Marchand a dû répondre au « Mouvement pour une ville zéro déchet » sur la relocalisation et la construction de l’incinérateur. Le collectif était présent lors de la première séance du conseil municipal.
Réal Caron a pris la parole pour demander si les gens seront écoutés et si le collectif sera invité à participer :
« Comment vous envisagez ces consultations-là, particulièrement en ce qui concerne l’avenir de l’incinérateur et la gestion des matières résiduelles ? Nous souhaitons être partie prenante de ces consultations-là »
- Réal Caron du Mouvement pour une ville zéro déchet
Le maire Marchand a confirmé que le mouvement peut entendre sa réponse comme « un oui, un oui complet », avant d’ajouter que ses conseillers et conseillères participeraient aussi aux rencontres.
La première d’une longue série
Cette première séance du conseil a donc donné le ton à ce nouveau mandat où les différents partis devront collaborer et se pencher sur les enjeux persistants. Des citoyens et organisations engagés n’ont pas manqué de rappeler les promesses faites par les partis en période de campagne électorale. Entre le tramway de Québec, l’incinérateur de Limoilou et les autres promesses phares entourant le logement et le coût de la vie, Marchand amorce quatre années où chaque décision sera scrutée de près.
Les prochains mois seront déterminants.
