Pop velours
Par Meggie Lennon & Alexandre Désilets
Le FME célébrait ses 20 ans cette année. Les attentes étaient hautes et l’excitation était à son maximum. Mon acolyte Alexandre Désilets et moi-même étions comme des adolescents. Un FME sous le signe de la licorne. Un FME sans restrictions sanitaires. Un FME avec une programmation extrêmement dense, remplie de surprises et de mystères. Force d’admettre qu’il y avait plusieurs offres avec lesquelles je n’étais point familière (i.e. Tamar Aphek, Bria, Elizabete Balcus… toutes s’étant avérées des coups de cœur!) Gonflés à bloc, nous étions prêts à braver cette longue route séparant Montréal de Rouyn-Noranda pour ce grand week-end de fête, de retrouvailles, de rencontres et de découvertes. Un must pour clore l’été et commencer l’automne en beauté.
Jeudi - 1er septembre
Le spectacle d’ouverture présentait Bibi Club. Ce duo formé d’Adèle Trottier-Rivard et Nicolas Basque vient de lancer leur premier album “Le Soleil et La Mer“. La scène principale semblait un peu vide, malgré la musique agréable sans éclats. Beaucoup de carillon pour commencer le week-end doucement. Sympa, sans plus, et nous a surtout donné soif de plus. Nous fûmes servis par la suite!
Le temps d’attraper une bouchée de méchoui, nous nous sommes dirigés vers le Paramount pour Narcisse. En formule trio (basse, sax et voix) mais aussi accompagné d’Utopia à la danse, le chanteur s’appuyait sur une séquence de beats et de synthés. Narcisse parle et chante (ou parle-chante à la “Vendredi sur Mer”, danse, se déplace et est très à l’aise sur la scène. Je pense que le groupe qui a lancé leur premier album ce vendredi va profiter de la prochaine année pour pouvoir rôder ce spectacle qui a beaucoup de potentiel, véritablement porteur d’un message, mais qui pour l’instant demeure encore au stade embryonnaire. À suivre.
Virginie B (❤️) arriva entre la foule éparpillée sur le parterre et monta gracieusement sur la scène. À ce moment, les yeux se sont fixés sur elle. Sa voix, sa fougue, son kit kawaii, TOUT était hypnotisant. Celle qui a lancé “Insula” de façon indépendante mérite tout le succès du monde, du moins certainement un label pour la faire encore plus rayonner! Son band est incroyablement solide et son album est magnifiquement transposé sur scène. Tout était ficelé au quart de tour et dépassait de loin toutes les autres performances vues au Paramount ce week-end. D’ailleurs, elle aurait pu être facilement placée sur la grande scène extérieure! Une artiste que j’aime beaucoup à surveiller absolument!
Le Couleur est un groupe à voir live. Ils se donnent entièrement et leur énergie est contagieuse. Laurence G-Do dirige le tout avec brio et utilise toute la scène, le parterre et même souvent ses propres musiciens (sur leurs épaules) comme support pour présenter les morceaux provenant de leur prolifique discographie. La chanteuse distribue allègrement des gorgées de rhum à même les bouches assoiffées des spectateur.rice.s. Le groupe a profité de l’été pour ficeler un show sans temps mort et extrêmement dansant. La scène du Garage Réault a peut-être entaché leur joie de vivre due aux multiples problèmes techniques mais le groupe n’a jamais abandonné et a continué leur show comme des pros. À voir!
Fatigués mais surtout frigorifiés (il faisait 7 degrés), nous nous sommes dirigés dans le sous-sol du Théâtre où Super Plage allait commencer. Le groupe mené par Jules Henry était visiblement heureux d’être là malgré son arrivée tardive à Rouyn (il eut un accident sur la 15 qui a ralenti beaucoup de gens en route vers le festival). Après avoir vu ce même show plus de 2 fois, je peux affirmer qu’il s’agissait d’un des meilleurs! Avec Virginie B pour l’appuyer aux vocales, il enchaîne ses hits pop sucrés avec aplomb et plaisir. Un groupe festif qui a su faire danser la foule excitée jusqu’à épuisement, parfait pour clôturer la première journée.
Vendredi - 2 septembre
La journée a commencé par le traditionnel BBQ Bonsound où nous avons eu le droit à l’excellente limonade-bourbon du très sympa Gourmet Délice. C’était aussi la première fois que je voyais Lisa Leblanc et je dois avouer qu’elle m’a jeté par terre. Non mais cette femme sait rocker mais sait aussi faire danser. Les pieds dans l’eau, mes épaules se faisaient aller aux sons de “Chiac Disco”. Un très bon départ en cette chaude journée.
Plus tard, les Medicine Singers, placés autour de leur tambour traditionnel, jouaient derrière la Maison Dumulon où s’était aussi attroupé un groupe de curieux. Ils ont présenté plusieurs morceaux de leur dernier album éponyme dont l’excellent cover de Link Ray “Sunrise (Rumble)” et étaient accompagnés de Thor Harris et Christopher Pravdica (Swans) en plus du génial mais parfois impulsif Yonatan Gat. Pourquoi impulsif me direz-vous? Parce qu’on m’a confié qu’il aimait bien surprendre les autres musiciens par un changement de setlist, de réglages ou de volumes, et ce, quelques minutes avant le début du spectacle. Cela amène beaucoup de suspense et garde tout le monde aux aguets. Ils ont joué une trentaine de minutes à un volume à défoncer les tympans, venant contrebalancer le désir de certains de se reconnecter avec la nature, le soleil tapant et le ciel bleu.
En soirée, Gus Englehorn (❤️), qui a tourné en 1ere partie de Plants and Animals cette année, est devenu l’un de mes premiers coups de cœur du festival. Depuis que je les ai vus à POP Montréal l’an dernier, ils ont vraiment “pris une coche” au niveau de leur performance. C’est tellement honnête que c’en est désarmant! Et le son était parfait. On m'a dit qu’il aurait pu être plus fort, du coup, j’ai bien apprécié la pause de bouchons. [Si j’avais une note pour le festival, c’est que le son était généralement très (TRÈS) fort dans les salles intérieures. Pour ce spectacle, il était impeccable et surtout équilibré!] Bref, Gus est une personne authentique, très ricaneuse et un peu timide. Avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, il remerciait la foule en faisant un bel effort pour parler en français. Charmant! Il a joué plusieurs pièces du très récent “Dungeon Master” et quelques-unes de son premier album “Death and Transfiguration”. Un show super agréable et cru comme on les aime, aux accents 90s qui rappelait le meilleur de Daniel Johnston, The Pixies et Syd Barrett.
Samedi - 3 septembre
Après une nuit trop courte, nous nous sommes dirigés vers le QG pour Ping Pong Go (❤️). Le [super]groupe de Québec mené par Vincent Gagnon aux synthés et PE Beaudoin à la batterie est aussi accompagné de Lysandre aux synthés et Cédric Martel à la basse. Vous comprendrez bien qu’avec ces étoiles aux commandes, le niveau de maestria est extrêmement élevé. Beaucoup, beaucoup de claviers, de mélodies de gamers et de solos sans pour autant que ça devienne de la masturbation musicale. L’équilibre est mince mais ici, c’est réussi. Ça crinque! Ça donne le goût de conduire vite. Ça peut aussi rendre perplexe mais ça demeure toujours excitant. L’album éponyme est très bien transposé en live et je lève mon chapeau à la formation qui fût aussi l’un de mes coups de cœur!
Par la suite, c’est au tour du joyeux troubadour Larynx de nous présenter son album “Applaudissez, Bande de Chameaux”. Alexandre Larin de son vrai nom est un mélodiste hors pair que je suis de très près depuis son projet anglo “Rust Eden“ que j’avais beaucoup aimé. Son dernier album est très catchy malgré le petit côté farfelu de certaines paroles que j’apprécie personnellement un peu moins mais qui musicalement me parle beaucoup! Un bon groupe et un très bon show!
Direction Diable Rond pour Bria (❤️), artiste de Sub-Pop, collaboratrice d’Orville Peck aux yeux bleus perçants et à la voix épatante. Offrant son dark-country, elle s’est révélée être une chanteuse incroyable avec une voix grave et puissante à la Sharon Van Etten. En terminant son spectacle, elle m’a achevé avec la couverture de “Why D'ya Do It?” de Marianne Faithfull. Féroce, 100% en contrôle et 200% envoûtante!
J’ai couru vers la salle Neighbours pour attraper Tamar Aphek, qui a lancé son album « All Bets are Off » sur Kill Rock Stars / Exag! Records, qui avait joué après Gus Englehorn la veille. Vraisemblablement, le set up technique convenait mieux pour cette 2e performance puisque la guitariste de Tel-Aviv était toute en voix et surtout très en doigté. La fan de Fugazi et The Jesus Lizard donne l'apparence d'être concentrée. Elle n’échange pas beaucoup avec la foule mais malgré son apparence sérieuse, elle semble visiblement satisfaite de nous balancer son Jazz & Roll inspiré et inspirant accompagné de son groupe qui appuyait son offre avec brio avec des harmonies vocales réussies, des accents de synthés judicieusement utilisés parcimonies et une section rythmique du tonnerre! À surveiller de très près.
J’avais hâte, très hâte au prochain spectacle. C’était la première fois que j’allais voir Animal Collective!!! Mes attentes étaient vraiment hautes et malheureusement, tout est tombé à plat en quelques minutes. Le groupe de Baltimore a entamé un set très “jammy”. Ils chantaient bien. Ils jouaient bien. Ils semblaient s’amuser légèrement mais surtout entre eux et n’ont pas du tout joué les tubes plus connus tels “My Girls” ou bien carrément “Dragon Slayer”, le premier simple tiré de leur dernier album “Time Skiffs” Plusieurs ont même dit que les programmeurs auraient peut-être dû échanger l’emplacement du groupe avec celui de Les Louanges qui jouait dans un Théâtre plus que plein. J’ai d’ailleurs pu attraper la dernière pièce au vol et Loulou était comme à l’habitude, vachement en forme. Avec son R’n’B sax-sexy, Vincent Roberge et ses acolytes ont mis le feu et ont transformé le Théâtre en sauna! Chaud show!
Dimanche - 4 septembre
Magnifiquement accoutrée de blanc et de bleu, l’artiste lettone Elizabete Balcus a manié synthétiseurs, séquences et loops de flute traversière devant un public très familiale. C’était étrange, beau, captivant et maîtrisé. Les enfants du coin étaient hypnotisés et leurs yeux, grands ouverts. Une magnifique performance pour un magnifique début d’après-midi.
Par la suite, c’était au tour de la coqueluche de Québec, Hubert Lenoir de nous balancer ses hits sur la grande scène pour clore le festival. Une immense foule était au rendez-vous. En plus d’être muni d’un band plus grand que nature, il avait aussi sa muse, Noémie, qui s’occupait de filmer et projeter en direct. Il n’y avait pas de limites à cette performance. Début du set complètement “métal” avec mosh-pits, crowd surfing, costumes, fumettes, collations et fin très “Party-rock”. La sauce s’est étirée à ce moment à mon humble avis mais la foule semblait ravie! Il est clair que si vous ne l’avez pas vu, le spectacle en vaut la chandelle.
Il faut dire que j’avais très hâte de voir CDSM (❤️) aka Celebrity Death Slot Machine qui était programmé juste après Hubert. Le groupe d’Atlanta avait joué la veille et je n’avais pu attraper que la dernière pièce qui m’avait immédiatement convaincue que je devais les revoir. Ils sont six musiciens dont trois qui s’échangent le rôle de chanteur. C’est dansant, c’est catchy, à la fois menaçant et attirant. CDSM, c’est beaucoup de choses. Une chose est certaine, tous les membres sont des bêtes de scène et balancent toute la sauce lors de leur spectacle. Synthés enivrants, lignes de basse disco, cloche à vache, saxophone et multitude de voix, le groupe est un must-see! Ils sont d’ailleurs en spectacle à l’Esco le 9 septembre prochain. Ne manquez pas ça!
❤️ Coups de Coeur à Découvrir ❤️
#1: CDSM
#2: Gus Englehorn
#3: Virginie B
#4: Ping Pong Go
#5: Bria