Pop velours
Retour sur le FME 2018
Par Meggie Lennon et Romain Thibaud
FME: jour 1
Après avoir conduit pendant plus de 7h, nous sommes enfin arrivés à Rouyn-Témiscamingue. Quelle joie de voir s’ériger les trois lettres géantes FME en face de l’hôpital. Comme toujours, nous fûmes accueillis généreusement avec un gin tonic et par Pierre et tout le staff du festival. Arrivés depuis à peine 45 min. et bracelet au poignet, nous nous sommes dirigés vers l’extraordinaire spectacle surprise (révélé par l’app du festival) de Klaus, devant le garage Rheault, au beau soleil. Une centaine de curieux étaient présents pour voir Joe Grass, François Lafontaine et Sam Joly radieux, et accompagnés de deux membres additionnels à la basse et au saxophone. Le groupe présentera son avant-garde krautrock afrobeat le 6 septembre prochain à l’Aire Commune à Montréal.
Par la suite, nous nous sommes dirigés au club Chimo pour une prestation du groupe montréalais Penny Diving. Accompagnés pour l’occasion de Maxime Hébert (Ponctuation, Talleen, Les Breastfeeders) à la batterie, le groupe formés des jumelles Chantal et Kathleen Ambridge (anciennement de The Muscadettes) et Thomas Augustin (ex-Malajube), a donné un bon spectacle, sans surprises mais faisant ressortir une certaine vague de nostalgie pour les années 90. Nous avons aussi fait le détour au Bar Le Cachotier, complètement bondé, pour apprécier la fin du show du charismatique Dave Chose.
19h00, ce fût au tour de Choses Sauvages qui lançait leur nouvel opus, dans le déjà suintant Cabaret de la Dernière Chance. La foule était emballée par leur funk indie-rock, à la fois entraînante et lascive. Nous avons tous dansé jusqu’aux dernières secondes du spectacle, arrosés de mousseux, poppé sur les festivaliers par le chanteur du groupe enflammé. Si jamais vous êtes curieux, le groupe sera dans la vieille Capitale ainsi que dans la Métropole le 12 et 13 septembre prochain.
C’est ensuite que nous sommes tombés sous le charme de Basia Bulat. Seule sur scène, avec une guitare et un piano, elle a livré des morceaux d’un peu tous ses albums, au grand plaisir des fans dans la salle. S’excusant de parler distinctement Français, il n’en fallait pas plus pour l’adopter. Qui plus est, la mentorée de Leonard Cohen a terminé son set par une reprise de Jean Leloup : Balade à Toronto. Instant intime et magique.
Next stop : on se rend à la scène extérieure Sirius, sur la 7e rue, pour le spectacle de Galaxie. Toute la bande était comme toujours explosive, et chacun chacune maîtrisait à la perfection leur jeu. Avec sa cape rouge, Langevin était un guitar superhéro. On pouvait aussi apprécier la voix de Karine Pion au synthé et percussions. Ces deux extraterrestres colorés étaient entourés de Fred Fortin, Pierre Fortin, Jonathan Bigras et François Lafontaine qui se déchainaient comme des forcenés. Du rock maîtrisé et de l’énergie à la tonne, ce spectacle fût le coup de coeur de mes deux consoeurs.
Un burger de chez Morasse plus tard (ouin, je ne trippe pas sur leur poutine!), nous attrapons une pièce de Jesuslesfilles qui rockait sur la petite scène extérieur Hydro-Quebec, pour aller ensuite faire la file pour Karwatson. Deux super groupes rassemblés sous le toit de l’église de Rouyn (Si vous n’aviez compris, on parle bien de Karkwa et Patrick Watson. Selon Louis-Jean Cormier, la dernière fois que ça s’était produit, c’était en 2009. On a eu droit à un solide deux heures de jam, pas toujours super tight mais tout de même incroyablement impressionnant. Disons qu’il y a avait du talent au mètre carré. Watson, Cormier, Grass, Kuster, Lafontaine, Bergeron, Sagot, Stein et Lamontagne s’amusaient comme des enfants ayant bu comme des adultes et c’était magique. Plusieurs moments forts durant le spectacle comme Turn Into the Noise de Watson et Chemins de verre de Karkwa.
La soirée s’est terminée comme à l’habitude au mythique Club Bar Les Chums, où médias, artistes et festivaliers échangent impressions et shots de fort. Toujours de bons moments qui soulignent la proximité et l’ambiance si particulière du FME.
FME: jour 2
Après avoir fait la fête jusqu’aux petites heures du matin, nous avons commencé la journée par un 5 à 7 au bar l’Abstracto avec Les Louanges, récemment signés sur le label Bonsound. Quelle surprise ce fût de se mettre à groover dès les premières notes! C’est frais, c’est catchy et très 2018. On entend bien tous les instruments. La structure est aérée et ça fait du bien. Aucun fuzz, à peine de reverb. Tout simplement génial. D’ailleurs, pour cette prestation, le groupe a reçu le prix Belle & Bum donc assumons qu’on les verra sur nos écrans sous peu. Le coup de coeur du festival pour Meggie. Bien hâte de voir leur lancement que ce soit le 20 septembre prochain au Ministère à Montréal, ou le 22 septembre au Maelstrom à Québec.
Nous nous sommes dirigés vers le Paramount pour attraper Les Marinellis. Le groupe semblait éprouver de la difficulté à embarquer dans la good vibe du festival. À un moment donné, le chanteur a même semi-insulté la foule puis par la suite, s’est excusé et a dit : Ahh, c’était des blagues-là, je vous aime tous. C’était un peu difficile d’y croire. il aurait été bien de les voir s’amuser autant que les gens qui se trouvaient devant la scène. En dehors de ces quelques incertitudes, ils ont livré leur rock habituel, rythmé et fédérateur. On espère une prochaine fois plus dans le «mood»?
Par la suite, Yonatan Gat est apparu sur la scène entouré de Christopher Pravdica à la basse (Swans) et Max Almario à la batterie. Les voir sur la scène nous surprenait mais nous étions aussi très intrigués par les quatre hommes Algonquins en tenue traditionnelle assis dans la foule, autour d’un tambour géant. Après quelques morceaux, le trio s'est tranquillement débranché et a pris place au centre de la pièce, où les quatre membres des Eastern Medicine Singers les attendaient. Le trio de Gat a attendu quelques temps avant de se joindre à eux, enveloppant les chants Algonquins et le rythme du tambour, par des mélodies de riffs de guitare et de basse. Leur collaboration était harmonieuse, presque spirituelle, deux entités distinctes se nourrissant mutuellement et se respectant. Un fort moment pour nous au festival!
Enchantés, nous sommes allés voir YAMANTAKA // Sonic Titan au sous-sol du Petit Théatre du Vieux Noranda. Délivrant leur métal avec une théâtralité unique en son genre, le band était captivant. Même Mishka Stein (Patrick Watson), Sergio Pelletier (Teke::Teke) et Julien Sagot (Karkwa) headbangaient dans la foule. À quand l'opéra rock YAMANTAKA? Il faudrait en parler à Robert Lepage (ou pas!).
C’est par la suite que nous sommes remontés à l’étage principal du Petit Théâtre pour finir la soirée avec Ouri. Et quel moment. Ouvrant l’événement électro par un son wave, s’alignant graduellement vers une house hypnotique, on peut affirmer que la foule Rouynorandienne est restée bouche bée. Un son enveloppant, chaud, presque rassurant, Ouri a su séduire les centaines de personnes présentes, pour un rare show en terre abitibienne. On soulignera son humilité (presque de la gêne), lorsque la foule l’acclamera à la fin de chaque morceau. Un très bon moment pour la productrice montréalaise qui démontre encore une fois tout son talent en live. Sublime!
FME: jour 3 Holy two + Milk and Bone
La journée a commencé en queue de poisson, alors que nous nous dirigions de peine et de misère au show de Fred Fortin, au sommet de la colline Kékéko autour du lac (après avoir payé plus de 30$ de taxi). Le lac : 30 minutes d’ascension en lendemain de party, avec la pluie menaçante et la chaleur. Bien que le temps jouait contre nous, nous pensions avoir le temps d’apprécier quelques morceaux du membre de Gros méné. DU TOUT! Alors que nous arrivions sous peu, qui croisons-nous sur un quatre-roues descendant la colline? Fred Fortin lui-même qui avait fini son set de 4 ou 6 chansons. Déception mais c’est sans s’abattre que nous retournions alors en pouce vers le centre-ville pour apprécier les oeufs bénédictines de chez St-Exupéry. Miam!
Après un repos bien mérité, et un moment de détente sur le bord du lac Kiwanis, nous nous préparons à la soirée de clôture présentant Holy Two et Milk & Bone. Le premier duo vient de Lyon, ville française du Rhône-Alpes. Les deux étudiants en architecture, Élodie (chant, claviers) et Hadrien (Basse), viennent de sortir un nouvel opus Invisible Matters. En une heure, ils ont su livré toute la palette de leur talent. Difficilement catalogable, le duo accompagné d’un batteur, a livré un show énergique à la fois sombre et électrisant. Ils étaient au Québec pour la toute première et offrait leur 2e show (après le Mile ex end musique la veille). À découvrir sans attendre.
Ont suivi Milk & Bone qui présentaient pour terminer le festival, leur dernier album Deception Bay. Toujours soft mais moins confiné, leur jeu sur scène est rendu plus complice avec la foule, plus rieur. Et c’est plus que plaisant! Nous avons apprécié les différents moments d’intensité. Parfois en retenu, parfois en puissance, leur musique a su fusionné avec une foule déjà conquise d’avance. Alors que les deux femmes passaient devant les claviers pour mieux offrir leur magnifique chant à la foule, cette dernière en redemandait.
Un groupe exclusivement féminin pour terminer cette 16e édition du FME qui a tenté d’atteindre, cette année, une certain la parité. On en ressort cependant les yeux brillants, les souvenirs plein la tête, et une envie soudaine de s’installer dans ce coin de pays qui nous aura encore de magnifiques moments. Car Rouyn, ce n’est pas seulement le festival, mais bien ses habitants, ses commerces, ses habitués qui savent année après année nous recevoir avec une gentillesse et un accueil incomparable. Le FME est vraiment un modèle hors-pair de ce qu’un festival de musique devrait être: humain, chaleureux, inspirant et éclaté avec un petit goût de revenez-y!