Dans la vie comme sur les ondes, le producteur et animateur Bruno Laberge répond parfaitement à la définition du mot Polymathe : « ...personne dotée d'une culture poussée, sérieuse et large. Ses connaissances se focalisent plus particulièrement sur les arts et les sciences. » Nous avons demandé à cette « personne d'esprit universel » et homme curieux s'il en est un, de répondre à quelques questions sur Le Polymathe.
CKIA : Que demande la production d'une série audio comme Le Polymathe?
Bruno Laberge : La première qualité qu'il est nécessaire d'avoir pour produire une émission comme Le Polymathe est d'être curieux et de toujours vouloir apprendre quelque chose de nouveau sur n'importe quel sujet: que ce soit l'existence d'une cabine téléphonique dans le milieu du désert de Mojave, le métier de gardiens de phares du St-Laurent et la révolution des bas nylons, en passant par les nazis à l'île d'Antiscoti et les Doukhobors à Mistassini. D'un côté plus logistique, ça prend en moyenne 10 heures de travail pour préparer et enregistrer un épisode d'une heure. Tout d’abord, il y a la recherche d’un sujet original sur le Québec et son histoire, sur un personnage connu ou moins connu, sur un fait inédit ou sur l’invention d’un objet. Puis on fait le tri sur les différents sujets potentiels et on retient ceux pour lesquels on a assez de contenu pour en faire une émission. Puis, on procède à l’écriture du texte. On passe ensuite à la recherche des pièces musicales associées au sujet choisi. Il faut ensuite faire la lecture et la relecture des textes à voix haute afin d'y insérer les pauses, les prises de souffles et les intonations adéquates au bon endroit. Puis on procède à l'enregistrement de la narration des interventions vocales. Finalement, il y a le montage audio et l'annonce de l'épisode à venir sur les réseaux sociaux. Une chance qu'on est deux dans cette aventure.
CKIA : Vous considérez-vous comme un conteur?
Bruno Laberge : Je ne sais pas si je suis un conteur. J'essaie du moins de toujours faire part du sujet de façon à tenir l'auditeur en haleine. Alors, peut-être qu'en ce sens, oui je suis un conteur. Certains sujets se prêtent plus que d'autres à être ''racontés'' et je dois dire que ce sont ceux que j'aime le mieux préparer. J'ai suivi, au printemps dernier, des cours de diction et de lecture de texte qui m'ont grandement aidé dans la facture finale de la partie orale du Polymathe. Ce qui est certain, c'est que tout sujet, aride ou plus léger, est bon à être traité et au final à être conté aux auditeurs.
CKIA : Quels critères vous font choisir une histoire plus qu'une autre?
Bruno Laberge : Les sujets sont principalement choisis par Pascale Despins, la réalisatrice du Polymathe depuis la saison 2. Je dirais qu'à prime abord, c'est la surprise de lire telle ou telle chose sur un sujet qui fait en sorte qu'il sera un jour mis en ondes. Lorsque Pascale me propose un sujet, si on se dit tous les deux, ''et bien, je ne savais pas ça'' , ''j'en reviens pas'' ou ''c'est don'ben intéressant c't'histoire là'' alors il sera conservé. Au bout du compte, par contre, étant la voix de l'émission, je me réserve le droit de laisser tomber un sujet si, lorsque je prépare les textes finaux ou lorsque je le pratique à haute voix, je ne le ''sens'' pas comme j'aime dire. Car si je ne le ''sens'' pas, à l'autre bout, l'auditeur ne le ''sentira'' pas plus que moi. Les auditeurs de longue date auront aussi remarqué que depuis la saison 2, donc l'arrivée de Pascale comme réalisatrice du Polymathe, les sujets sont plus fréquemment reliés à un personnage ou un évènement de l'histoire du Québec. Un aspect très peu 'touché' dans les balados d'ici. Ceci étant dit, on ne raconte pas du tout l'histoire du Québec. Chaque sujet à toujours un côté insolite ou peu connu. Sinon il ne fera pas parti de l'émission. Ça c'est certain!
CKIA : Qu'est-ce que l'appétit gargantuesque pour les balados vous inspire?
Bruno Laberge : Je suis un fan fini de balados, Mais les balados que j'écoute ont tous un côté ''raconteur'. J'adore ''C'est fou!'' avec l'anthropologue Serge Bouchard, ''the Memory Palace'' avec Nate Dimeo (écrivain et raconteur hors-pair, celui dont je m'inspire le plus!), ''99% invisible'' avec Roman Mars (qui parle de tout ce qui nous entoure mais qu'on ne voit pas ou qu'on ne voit plus) et étrangement ''Dateline' (dont les sujets sont toujours des meurtres horribles), avec le narrateur Keith Morrison qui a, à mon avis, la meilleure voix qui existe... dès qu'il ouvre la bouche il t'accroche et te garde jusqu'à la fin et c'est le but que je vise d'atteindre un jour! J'écoute des balados afin d'en apprendre sur tout et n'importe quoi, mais surtout je me compare, je prends des trucs de narration et d'écriture qui m'influencent et me servent continuellement dans la production du Polymathe.
CKIA : Le Polymathe est réalisé par Pascale Despins, qui est aussi votre conjointe, comment fonctionne votre binôme dans le processus créatif?
Bruno Laberge : L'arrivée de Pascale à la réalisation du Polymathe a changé la donne du tout au tout. Le concept de l'émission est demeuré le même, mais ma charge de travail s'est vue allégée de moitié. Mais surtout, les connaissances infinies de Pascale sur un grand nombre de sujets et son appétit continuel pour en apprendre toujours plus ainsi que son amour sans borne du Québec et des gens qui l'ont bâti, font d'elle une partenaire idéale dans la préparation de l'émission. Et, en effet, nous sommes en couple, mais nos rôles sont très bien définis et ne s'entre-coupent jamais. Pascale recherche des sujets puis les contenus associés et rédige les ébauches de la structure du texte incluant des suggestions d’introduction et de conclusion. Puis elle parcourt le web à la recherche de la bonne musique pour accompagner le sujet. De mon côté je peaufine les textes, les mets à ma couleur et je fais l'enregistrement, le montage et la publication de l'émission. Cette façon de fonctionner nous permet de se concentrer sur des aspects très précis de la production du Polymathe, chacun de notre côté, sans jamais se soucier de ce que l'autre fait. Il faut croire en l'autre et en avoir confiance et ça tombe bien car j'ai une confiance entière en Pascale et ses choix de sujets et de pièces musicales. J'ai toujours mon droit de véto sur tous les aspects de l'émission, mais je ne l'utilise que très rarement, presque jamais à vrai dire.
CKIA : Quelle est la meilleure disposition pour écouter votre série?
Bruno Laberge : Être curieux! C'est la première chose qui me vient à l'esprit. Aussi, il faut être prêt à recevoir de l'information sur tous les sujets possibles. Le Polymathe est une série sociale, politique, historique et insolite parfois. Alors il faut se donner le droit d'en apprendre sur une foule de choses. De plus, il faut être ouvert d'esprit musicalement, car les choix de Pascale ratissent large, très large. En finissant, je dirais que, bien que l'émission puisse être écoutée en tout temps, la case horaire du Polymathe de 11h le dimanche matin est parfaite pour bien en profiter. Le dimanche est une belle journée pour parfaire nos connaissances: Le Polymathe à l'heure du brunch et Découverte et Charles Tisseyre à l'heure du souper! Que voulez-vous de plus?! (Bruno éclate de rire). Plus sérieusement, la majorité de nos auditeurs écoutent Le Polymathe en différé. Certains l'écoute en voiture et d'autres en prenant l'apéro un soir de semaine. Il faut donc croire que Le Polymathe est bon à écouter n'importe quand, n'importe comment et à n'importe quel endroit. Ce qui est bien tant mieux.
Le Polymathe - dimanche 11h00 à 12h00 CKIA FM 88.3 - CKIAFM.ORG - L' APPLI CKIA et ses plateformes numériques
https://soundcloud.com/ckiafm/gdp-balado?in=ckiafm/sets/le-polymathe