Pop velours
Entrevue: Taverne Tour IV
par Meggie Carrier
Aujourd’hui, je m’entretiens avec Marilyne Lacombe, co-fondatrice du Taverne Tour mais aussi productrice,
gestionnaire de projets et acheteuse de talents
Tes accomplissements sont nombreux. Dernièrement, ton nom est associé à plusieurs
événements prenant de plus en plus d’ampleur. Il y a tout d'abord le Distorsion Psych
Fest qui a lieu au printemps, le Taverne Tour qui aura lieu du 31 janvier au 2 février
mais aussi Mothland. Peux-tu nous en dire plus sur ton rôle au sein de ces entités?
Marilyne: Taverne Tour est le premier projet dans tout ça qui s’est concrétisé en ordre chronologique. Ça vient de moi qui venait de quitter le monde des agences et qui avait le goût de faire des trucs plus culturels plus musicaux. Avant, j’étais en charge de l’Aut St-Jean donc c’était vraiment mon retour vers l’industrie de la musique. Dans le fond, je suis co-fondatrice, programmatrice et aussi co-productrice, ça veut dire que je m’occupe autant du côté artistique que du côté production, financier et administratif. C’est vraiment majeur comme charge de travail. Distorsion est arrivé quelques mois plus tard. C’est super différent parce que Distorsion, c’est une grosse équipe. On est huit sur le conseil d’administration mais c’est quand même moi qui va “au bat” après pour dealer avec les agences américaines, qui doit négocier, qui s’arrange pour avoir la signature sur les contrats et que tout le monde est payé à la fin. Puis, Mothland, au début, c’était le bébé de Distorsion mais c’est maintenant beaucoup plus gros. C’est un peu ma compagnie. Taverne Tour et Distorsion sont maintenant tous deux sous Mothland. Au lieu que ce soit Marilyne qui produit, c’est Mothland. Ça évite d’être éparpillée partout et d’avoir quatre cartes de débit. Je voulais tout sous le même chapeau. On célèbre notre un an cette année. Ce qui devait être un side-project au début pour aider quelques bands avec qui on travaillait souvent comme Teke:Teke, Yonatan Gat et Atsuko Chiba, a finalement grandi vraiment rapidement. On est parti de 3 artistes à 20 aujourd’hui, je pense, j’ai perdu le compte. Il y avait vraiment un besoin à Montréal parce que tous les labels qui étaient edgy (et qu’on adore somme toute) font un peu, malheureusement, partie de l’establishment maintenant. Il y avait un besoin d’une entité qui était edgy et frondeur mais qui était aussi bien organisé professionnellement. C’est ça Mothland dans la scène de Montréal. Je veux aussi mentionner Maxime Hébert et Philippe Larocque qui gravitent autour de Mothland. Philippe est le premier employé de Mothland et Maxime, mon partenaire, m’aide, entre autres, à faire la rédaction pour les demandes de subs et les communiqués de presse. Il a vraiment amené des habiletés complémentaires aux miennes. C’est vraiment cool d’avoir une équipe qu’on peut voir à tous les jours et ne pas avoir tout sur ses épaules.
CKIA est basé à Québec et pour ceux qui n’y sont peut-être pas si familiers, peux-tu peindre un portrait du paysage musical de Montréal en fonction de comment tu le perçois?
Marilyne: Par rapport à Mothland, ce qu’on amène dans le paysage Montréalais, c’est qu’il y a pleins de bands qui font les choses différemment dont le son est vraiment super unique. Aucun band sur Mothland se ressemblent entre eux. Il y avait un petit vide sur la scène musicale de ce côté parce que comme je disais, les labels qui étaient cool et edgy il y a 10 ans, font partie un peu de l’establishment maintenant. Je n’ai pas la prétention de dire que l’on comble ce vide mais ça aide. Bref, il se passe plein de choses à Montréal. La ville est super active et c’est une belle place pour les artistes. Au final, c’est une bonne place pour la musique.
En tant que programmatrice, comment concilies-tu tes goûts personnels avec ce qui représente le mieux l’identité du festival en plus de tenir compte des attentes du public?
Marilyne: Comme je ne travaille pas pour un grand festival qui a besoin de vendre un certain nombre de billets, je n’ai pas vraiment cette contrainte de vouloir plaire à un public. Pour le Taverne Tour, on a une bonne dizaine de noms un peu plus connus du public québécois et ça fait partie du concept de prendre ces artistes et de les faire jouer dans des tavernes. Pour Distorsion, ce sont tous des bands que j’aime et que j’écoute. Je n’ai jamais choisi un band que je n’aimais pas. On ne fait pas de compromis. On peut se le permettre parce que le psych, c’est un genre pointu. D’ailleurs, j’ai tellement hâte d’annoncer la programmation de Distorsion. Cette année, ça va être vraiment lé-gen-daire!
Tu dois te promener pour voir ce qui se passe ailleurs comme une programmatrice de festival doit constamment élargir ses horizons. Que fais-tu afin que tes programmations se démarquent?
Marilyne: Le Québec est un milieu assez particulier parce que les artistes du Québec sortent peu mais jouent beaucoup au Québec. Lorsqu’on regarde les programmations de différents festivals, ça se ressemble beaucoup. Pour le Taverne Tour, on a pris volontairement un tournant vers Toronto cette année avec des bands comme Absolutely free, Frigs et Yamantaka // Sonic Titan. On voulait cette couleur anglo. Ce ne sont pas des bands que tu vas voir dans d’autres festivals au Québec, peut-être à part au FME mais c’est moi qui les booke donc tout est dans tout! Distorsion ne ressemble à rien. Les autres festivals psychédéliques autour du monde sont plus gros. C’est clair qu’on se démarque. On a beaucoup de street cred. Les gens de l’industrie sont tombé en amour avec l’événement. Ils apprécient le love qu’on met dans la musique. Juste au niveau de la qualité du son, pour un festival à petit budget, c’est exceptionnel. Comme avec le Taverne Tour, on a vraiment cette volonté de sortir des sentiers battus.
Quel est le pourcentage d'artistes locaux vs. nationaux vs. internationaux?
Marilyne: La grande majorité sont des artistes locaux. Veux, veux pas, ça coûte cher faire venir d’en-dehors. Il y a approximativement un ratio 70/30. On veut aller chercher le plus de découvertes locales et donner l’opportunité aux groupes peu connus de jouer dans un contexte fun.
Plusieurs festivals ont fait un effort en matière d'égalité des sexes au sein de la programmation. ?
Marilyne: Je n’ai pas compté mais il y a clairement beaucoup de femmes dans mes progs. Je ne me force pas à les inclure. Distorsion, l’an dernier, était à 50/50. Taverne Tour doit être proche aussi. Il y a tellement de bon bands ayant des musiciennes. Si tu essaies de les compter, c’est probablement parce que tu ne sors pas assez de chez toi. Il y a du choix en masse. Je n’essaie pas intrinsèquement de respecter des quotas parce que ça ne requiert pas d’efforts pour moi. C’est juste normal.
As-tu un "dream booking"?
Marilyne: The one? Faire un show des Flaming Lips serait vraiment nice, dans un endroit weird si possible, genre une grange, s’ils acceptent! En tout cas, pas au Métropolis.
Pour finir: Quel artiste joue beaucoup dans tes oreilles ces temps-ci?
Marilyne: En ce moment, on travaille à Mothland sur la sortie du dernier Atsuko Chiba qui est sorti tout chaud, tout frais du mastering la semaine dernière donc je dirais que même s’il n’est pas disponible au public en ce moment, c’est en boucle dans mes oreilles. On a très hâte. La sortie est prévue au printemps.
D'ici là, visitez le tavernetour.ca pour obtenir plus d'informations sur la programmation.
POP Velours y a d'ailleurs dédié son émission du 24 janvier. Le podcast est disponible sur le site de CKIA ainsi que sur lafaceb.live