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Musique
Entrée de secours

Par Sébastien Marcoux-Ouellet et Romain Thibaud


Il est toujours difficile de revenir du Festif de Baie-St-Paul… d’une part il faut quitter Baie-St-Paul, d’autre part il faut attendre un an pour revivre ce qu’offre ce festival. On aura déjà beaucoup lu sur la programmation, les shows surprises en journée ou tôt le matin (allô Stéphane Lafleur de Avec Pas d’casque à travers les moutons).

Après nous être quelque peu reposés, avoir médité, pleuré de nostalgie et rebrassé nos souvenirs, voici ce que le Festif nous a fait vivre pendant trois-quatre jours et trois nuits. Entre les headbanging, des balades en autobus et la brise du St-Laurent, voici nos impressions, brutes.


Jeudi 19 juillet


Romain : Néophyte de Pierre Lapointe en show, je me suis laissé convaincre d’assister à sa prestation, lui qui ouvrait le festival dans la Salle de l'hôtel Germain. Concert dans un noir complet, décors et mise-en-scène minimaliste, nous étions assis en rang d’oignons, bénéficiant de la climatisation. Bien qu’il ne soit pas dans la catégorie “artiste que j’écoute trop souvent”, le chanteur a su me convaincre amplement. Ses deux musiciens l’accompagnant au piano et marimba, ont aussi aidé. Une ouverture effectué avec brio. Cependant la semaine me rentrant dans le corps, un peu plus d’une heure après le début du show, je sortais retrouver la chaleur de fin de journée et me préparait pour voir notre Hubert Lenoir national ouvrir la scène Desjardins (Scène principale).


Sébastien : C’est mon premier Hubert et, normalement, les premières fois c'est awkward. Mais le jeune homme m'a tout de suite fait sentir à l'aise, j'ai même eu des petits frissons d'excitations devant sa présence et surtout, les attentes qu'il sait créer. Par contre comme trop souvent, à l'avant, des cris stridents se faisaient entendre en plus d’un abus de petites bulles de savon dans les airs. Alors tel un vieux grincheux, je me suis déplacé vers l'arrière avec les autres originaux, les misfits. Et c'est avec une grande déception que je m'échoue derrière la personnalité la plus grande du showbizz québécois (après Martin Petit bien sûr ), j’ai nommé Navet Confit. J'essaye alors de lui crier après pour qu'il se tasse, il se retourne et me salue d'un ton neutre (qui semble être son humeur par défaut anyway). Mais avoir crié après quelqu'un de gigantesque débloque mes oreilles bouchées depuis Saint-Tite-des-Caps. C’est alors que ma soirée prend soudainement un tout autre sens et je peux commencer à flirter avec les personnes m’entourant au Festif, maintenant que je suis sûr de pouvoir les entendre dire non. La fièvre Lenoir aura eu raison de moi.


Romain : Patrick Watson, et bien c’est Patrick Watson… On vous dira juste d’aller le voir si vous ne connaissez pas ses live. Pour les autres, on aura pas d’expliquer son concert du jeudi soir. MAIS sautons au vendredi, car l’app du Festif qui rend les gens accro à leur cellulaire, annonce un concert surprise de Pat Watson au bout du bout du quai! (Là où on a déjà vu Basia Bulat et Peter henry Philips)

C’est l’apothéose. Le moment que tu ne veux pas rater. Alors que nous étions au QG des médias, les collègues de CISM nous offrent un lift et nous fonçons vers le quai, entamons un parcours sur les roches pour aller se faufiler et s’assoir véritablement en face de Pat, dos au Fleuve. Moment de grâce, vivre la musique, se retourner régulièrement pour apprécier ce que nous offre cette baie. Le festif prend tout son sens à cet instant précis, à cet endroit précis. c’est magique, ton mal de tête, ton lendemain, tout s’envole et tu vis l’instant avec un public conquis, et un M. Watson aux anges (il ne quittera plus le Festif par la suite, on le croisera à presque tous les shows…).



Patrick Watson sur le quai (Crédit : Sébastien Marcoux-Ouellet)


https://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/11137/patrick-watson-au-festif


Revenons au jeudi soir. Mes attentes sont élevées pour Galaxie. Je n’aurais pas été déçu une seule seconde… Résultat : un mal de cou, avoir changé de chandail trois fois tellement la chaleur nous assommait. L’ensemble de la troupe de Langevin sont individuellement des génies, de musiciens de calibre incroyable. Le moshpit aura eu raison de moi, je m’y suis engouffré la majeure partie de la soirée pour acclamer les guitares électriques endiablées de Langevin. RESPECT.

Nous finirons la soirée avec Jesuslesfilles, dans le garage du curé. Le fit est parfait entre la porte de garage ouverte, l’éclairage et le quatuor habitant l’espace. Cette scène devient peu à peu un incontournable, et la programmation 2018 a été parfaitement sélectionnée et pensée pour les shows de fin de soirée.


Vendredi 20 juillet


Le vendredi nous met le cul à terre davantage en commençant par le show de Paul Piché en acoustique, littéralement à côté de notre campement. Nous sautons la clôture pour écouter ce grand monsieur de la chanson québécoise. il finira son set de 30 minutes, avec L’Escalier à cappela accompagné par les quelques centaines de personnes présentes. Magique.

Je découvre ensuite le duo Alexandra Lost sur l'excellent scène du Pantoum/La Bête. Un musique vaporeuse, avec ses claviers soutenant un électro rétro et dansant : un grand bravo pour la formation de Québec qui nous promet un bel album à venir.

Nous devons quitter pour retrouver alors David Bujold, leader de la formation FUUDGE avec qui nous nous entretenons avant son show au Garage du curé la même soirée. Entrevue à venir avec cet être allumé et généreux qui deviendra méconnaissable une fois dans l’antre du garage, à travers la fumée, ses cheveux longs, articulant son corps sur sa guitare, en y allant d’un grunge-stoner-psychédélique décapant et invitant. Parmi mon top 3 du Festif : une prestation excellente et maîtrisée de A à Z. On reconnaît à Bujold un travail et composition intense et méticuleux pour cette bombe qui te rentre dans le corps.



FUUDGE en prestation / Entrevue avec David Bujold (Crédit : Caroline Perron à gauche, Sébastien Marcoux-Ouellet à droite)


Le soirée se terminera avec entre autres Bob Log III, multi instrumentiste niaiseux et guitariste hors-pair mêlant ses solos blues et sa boite à rythme, tout en sacrant et s’jetant dans un bateau gonflable au dessus de la foule. S’il t’en faut plus pour te préparer à Keith Kouna, je n'y comprends rien.

Kouna, lui jouera près de 2h, partagera ses chansons, hurlera sa colère (retrouvée dans son dernier album Bonsoir Shérif), mais il est aussi celui qui reviendra aux sources en reprenant les classiques de ses premiers albums. Pour avoir vécu ses concerts maintes et maintes fois, je pense que ça a été le show le plus complet que j’ai vu de lui d’eux, car Bélanger, Gagnon, Caron et Baudoin soutiendront l’excellence tout au long du show à travers un rock abrasif.


Enfin le trio de québec, Victime, nous tiendra debout pour la fin de soirée, entre les émanations du méchoui et l’état avancé des festivaliers.



Samedi 21 juillet


Le samedi se ponctuera entre une descente de rivière sur tripe incroyable (le Festif devra investir dans une attraction, en partenariat avec Rossy pour la vente de tripes), des shows surprises de Alex Burger et Mon doux saigneur, la formation SUUNS nous faisant vibrer au sous-sol de l’Église, l’incroyable Urban Junior, et la formation Random Recipe qui jamais ne fatigue.

Aparté : Mon cellulaire est décédé, à la suite d’un bain dans la crème solaire en spray devenue liquide, le tout dans un dry bag. Ce n’est pas la rivière qui l’a eu, mais bien le contenant du sac. Quelques magnifiques clichés s’y perdront par la même occasion.

Pas le temps de pleurer, car l’app vorace annonce un show surprise de SoCalled dans le bus festif. Plusieurs fois dans la fin de semaine, le bus accueillera des artistes et permettra alors à une centaine de festivaliers de vivre un moment hors-norme.


Sébastien (à propos de l’expérience du bus) : Je reprends soudainement d'un coup de chaleur. Je suis dans un autobus de ville avec un décor et une ambiance qui me font croire que je suis sur l'acide. Des lumières rouges tapissent les murs, alors que des lasers découpent l'air lourd qui nous entoure. Nous sommes tous coincés dans ce four festif. Il y a des gens accrochés aux pôles de chaque côté de l'autobus. Devant moi, il y a un booth de dj composé de tables tournantes et un sleeve de compilation vieillotte de musique polka. Tout d'un coup, tel un petit lutin coquin, SoCalled sort de sous la table de dj avec un vinyle entre les mains. Est-ce que le gars est assez fou pour faire jouer des vinyles dans un autobus en plein mouvement ? Il doit avoir un dispositif aussi puissant que le discman shockwave que j'ai reçu en cadeau en '98 et dans lequel j'ai usé à la corde un CD de Korn.


Avec un sourire espiègle et un peu inquiet, SoCalled dépose le vinyle en question sur la platine comme on met le pied sur une mine en pleine guerre mondiale. Les décibels nous explosent en pleine face. Le bus se met en marche. Les gens dansent ou bien luttent pour leur vie. Il devient difficile de faire la différence. La suite du trajet est une des expériences les plus singulières de ma vie. Je n'ai aucunement le temps de récupérer de mon coup de chaleur. Pas l'temps, je dois danser; je dois vaincre des vagues d'humains en délire qui déferlent sur moi à chaque coup de volant du chauffeur d'autobus. Ma tête se retrouve sous la robe d'une femme accrochée à un pôle en haut de moi, qui

au même instant se penche pour embrasser son fuckboy. Alors que je nage jusqu'à la surface de la robe, un peu étourdi par la caliente ambiante, une nouvelle vague humaine me frappe. Je cesse alors de lutter. Je me laisse engloutir par la chaleur, les beats effrénés de SoCalled. À demi conscient, j'aperçois une fille faire du bodysurfing un peu plus loin de moi dans l'autobus. C'est alors que les platines du dj déraillent pour la première fois, car les gens sautent à pied joint dans le véhicule en marche. Alors que SoCalled essaie de reprendre le contrôle de son set, la femme en bodysurfing lui sauve la vie, sauve le party : elle se met en tapper le plafond, qui se trouve juste devant elle, en suivant le beat du rigodon que SoCalled avait mis. Tout le monde frappe en rythme dans ses mains. Nous sommes en communion. Une communion de transport en commun, comme on en retrouve jamais dans les métrobus de la ville de Québec. Le dj est généreux, habile, il va nous déballer autant Don't Stop 'Till You Can't Get Enough de Michael Jackson, des hits de polka obscure ou du hip hop à la sauce boogie. Finalement, après ce qui semble être une belle éternité, les portes du bus s'ouvrent pour nous cracher devant une faune un peu médusée.


SoCalled dans le bus festif (Crédit : Caroline Perron)


Dimanche 22 juillet


Romain : 4h30, les quelques guerriers se rendront en arrière de l'Hotel Germain entre la track de chemin de fer et les moutons, pour voir la prestation de Stéphane Lafleur (Avec pas d'casque). On se passera de mots quant à cet instant hors-temps. Vous n’avez qu’à visionner.

(S/O quand même à Brach qu'on croisera pendant le show, bien allumé, qui fête son anniversaire et jouera moins de 6h plus tard au quai).

https://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/11140/stephane-lafleur-au-festif


Philippe Brach clôture le festival au quai de Baie-St-Paul, par un dimanche ensoleillé, lendemain de fête, et jouera pendant plus de deux les morceaux de ses trois albums. généreux, impétueux, coquin, humain : il repartira, selon ses mots, en volant les idées folles du Festif pour organiser la 3e édition de la Noce, à Chicoutimi.


Nous autres, on se repose en pensant encore à vous, la gang de malades à l’organisation, les bénévoles, les artistes qui trippent trop et ne demandent qu’à revenir ou rester.

On se voit au 10e, assurément.


La délégation de CKIA Fm, Radio “rurale” urbaine.


 
 

Émiss
ions

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