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Entrevues

Quel est le rôle joué par la presse dans la lutte contre la violence faite aux femmes ? C'est l'un des thèmes qu'explore Cécile Calla dans son article " Journalisme: un manuel belge pour mieux couvrir les  violences faites aux femmes". 

Madame Calla était de passage à l'émission de Québec Réveille, au micro de Marjorie Champagne, le 6 décembre dernier . 


MC - Vous parlez dans ce dossier de la couverture médiatique d'événements en lien avec soit la violence conjugale ou les agressions sexuelles. Cécile Calla, a quel point est-ce que le rôle joué par la presse dans la lutte contre les violences faites aux femmes est essentiel?


CC - La presse, elle a un rôle considérable, elle a une influence très importante sur les décisions que prennent les gouvernements, mais elle a aussi un impact très fort sur l'opinion publique , elle a un rôle de médiateur entre le législateur, celui qui prend des décisions, qui vote des réformes, et l'opinion publique. Si je prends l'exemple de la France, que je connais bien, je pense que le président francais Emmanuel Macron n'aurait jamais mis l'égalité des sexes, ne l'aurait jamais nommé grande cause de son quinquennat si es médias ne s'étaient pas emparés aussi massivement du phénomène Mee Too, en ne parlant pas autant de toutes les violences sexuelles qui sont faites aux femmes.


MC- Tout à fait!


CC- Si je prends l'exemple inverse, pendant des années ça n'a pas été thématisé parce qu'il n'y avait pas cette prise de conscience au sein de la profession


MC -On parle du quatrième pouvoir, c'est pas pour rien effectivement que les médias ont de l'influence partout et notamment dans ces dossiers, depuis les dernières années l'influence se fait sentir de manière grandissante. L'utilisation maintenant des mots, elle est très importante dans la couverture des événements . J'en nomme quelques uns, « drame conjugal », « drame passionnel », c'est souvent ce qu'on peut lire suite à des féminicides, pourquoi ces termes-là seraient à proscrire?


CC- Oui, c'est une des demandes qui figurent justement dans notre manuel, effectivement il faut faire attention aux mots qu'on emploie et aux images qu'on utilise parce que ces mots ils romantisent, il banalisent une violence, une violence qui est genrée en l’occurrence, et moi, il me vient tout de suite à l'esprit l'exemple de Marie Trintignant , qui a été assassinée à l'été 2003, j'avais 25 ans à l'époque, et qui a été victime, qui est morte suite aux coups portés par son compagnon, quand même une vingtaine de coups, et je me souviens qu'a l'époque la presse, en tout cas en France, elle employait des expressions du type « l'amour à mort » , « passion fatale » , enfin, personne ne parlait de féminicide à l'époque et moi non plus parce que je ne connaissais pas ce terme, tout simplement. C'est vrai que ça , ça a quand même un peu changé aujourd'hui, en tout cas dans un certain nombre de médias, la presse généraliste maintenant ces termes sont devenus quand même assez courants ,mais  il y a des journalistes qui n'ont pas le réflexe de les utiliser et c'est pour ça qu'un tel manuel est publié . Le problème de ces termes c'est qu'ils  ne reflètent pas la réalité ! Ce n'est pas de la passion quand on est tuée par son compagnon !

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Pour écouter l'entretien complet avec Cécile Calla : https://www.facebook.com/quebecreveille/videos/233401222254519/


Consultez  l'article très pertinent de Mme Calla  dans la Gazette des Femmes «Journalisme: un manuel belge pour mieux couvrir les violences faites aux femmes». Celui-ci fait partie d'un dossier spécial présenté par le magazine Gazette des femmes et le Conseil du statut de la femme à l’occasion des Journées d’action contre les violences faites aux femmes , du 25 novembre au 6 décembre. 



 
 

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