CKIArt
Photo : Jean-François Letarte
Par Christel Mafalanka
En représentation samedi
dernier au centre d'art La Chapelle avec Marea, Karine Parisé raconte
avec enthousiasme son art où elle ajoute sans hésiter des touches québécoises et
plus personnelles. Entrevue.
Formée à la danse contemporaine,
c’est en 2001 que Karine Parisé découvre par hasard le flamenco. Elle essaie
par curiosité et c’est le coup de foudre. Elle y trouve ce qu’elle recherchait
dans la danse : « un ancrage, une connexion au sol, une connexion à
la terre ».
Son désir de flamenco est aussi
alimenté par des souvenirs d’enfance : ceux des cartes postales de la Féria
que sa grand-mère lui envoyait ou encore cette poupée de danseuse sévillane à
la robe rouge reçue en cadeau.
Enchantée par le rythme, les
percussions et l’élégance du flamenco, Karine Parisé part se former en
Andalousie et fait plusieurs stages à Jerez de la Frontera et à Grenade.
Comme modèles, elle cite la
danseuse québécoise Myriam Allard, Sara Baras ou
Maria Pagés que l’on voit notamment dans le film Flamenco de Carlos Saura.
Le flamenco, un art riche et percutant
Karine Parisé décrit le Flamenco comme
un art très riche qui comprend la danse, la guitare et le chant : « A
la base, c’est le chant des gitans qui a fondé le flamenco avec le chant profond,
le cante jondo […] des styles qui sont dramatiques, qui sonnent comme
une complainte, une douleur parce que les gitans exprimaient leur souffrance. Plus tard, la guitare est arrivée avec des airs plus mélodieux. La
danse est le dernier élément du flamenco ».
Pour la danseuse, « ce qui
est spectaculaire, c’est le lien entre les trois qui forment une relation danse,
musique et chant. On s’écoute, on échange beaucoup là-dedans, on se
répond ». Sur scène, « il faut avoir une bonne écoute, être connecté
ensemble ».
Il y a différents styles de
flamenco, certains sont très dramatiques et profonds d’autres plus festifs
comme l’alegria ou le tango.
Au-delà des styles, pour Karine
Parisé, le flamenco, c’est surtout percutant : « ça nous frappe,
ça nous saisit. C’est très rythmique, on frappe avec les pieds, la danse
devient l’instrument de musique. On est autant dans la rythmique que les
percussions ». En représentation, il se peut que « l’art explose », c'est le duende, ce moment de grâce où la danseuse, en extase, transcende
son art.
La naissance de Marea
En 2017, Karine Parisé entame des
projets de recherche et création en danse. Elle s’intéresse aux contrastes et pense
alors aux marées « parce que c’est vivant et organique ». Elle trouve
que cela ancre le corps dans cette notion d’opposition (le jour et la nuit, la
marée basse et la marée haute).
C’est lors d’une résidence en
Gaspésie en 2018 qu’elle explore différents éléments de scénographie. Elle
déniche un filet de pêche qu’un Madelinot lui donne et l’installe sur la scène.
Elle s’y empêtre, les pieds s’y embourbent et de ce combat avec le filet, né le
spectacle Marea.
Avec ce spectacle, elle ancre son flamenco au Québec et dans
son histoire personnelle. Dans Marea,
elle rend également hommage à la mer, à la mère, à l’enfance et à la féminité.
Une démarche artistique audacieuse
Marea c’est aussi une
nouvelle collaboration avec des musiciens qui ne sont pas tous issus du
flamenco.
Karine Parisé est en effet
entourée du percussionniste Charles-Alexis Côté, de l’accordéoniste Manon Hamel,
de la guitariste Stéphanie Gagnon et de la chanteuse flamenco Alexandra Templier.
Il y a donc dans Marea des
univers différents qui se croisent. Karine Parisé apporte une touche
personnelle à son flamenco avec des chorégraphies pieds nus plus en douceur et plus
lyriques. Quant aux sonorités, avec l’accordéon, on sort des sentiers battus et
de la formule tablao. L’accordéon a « beaucoup de souffle alors
que le flamenco est habituellement plus percussif et plus rigide ». L’accordéon fait aussi penser aux marins, à la mer, au rigodon et à la musique traditionnelle. Selon
Karine Parisé, « il y a moyen d’utiliser le flamenco pour l’emmener à un
niveau plus recherché d’un point de vue artistique ».
Pour un aperçu de son
spectacle, cliquez sur ce lien.