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Par Julien Loubière. Écrite en 1998 par Wajdi Mouawad, la pièce Les mains d’Edwige au moment de la naissance , est présentée au théâtre La Bordée du 14 janvier au 8 février. Elle propose une belle réflexion sur l'intégrité, la famille et l'amour.
Edwige (jouée par Marianne Marceau-Gauvin) a un don : quand elle prie, une eau pure sort de ses mains. Prétextant l’enterrement de sa sœur Esther, disparue dix ans auparavant, sa famille décide d’organiser une cérémonie afin que les gens assistent à ce miracle. Mais Edwige s'oppose au fait de s'exhiber ainsi, alors même que le corps de sa sœur Esther n'a jamais été retrouvé...
Wajdi Mouawad est connu pour avoir écrit notamment Littoral et Incendies. Il s'intéresse aux éléments très symboliques du feu et de l'eau ainsi qu'à la thématique du deuil et de famille. Jocelyn Pelletier s'est chargé de la mise en scène de ce texte. Sa mise en scène est d'abord très sobre avant d'être peu à peu déréglée par l'eau et le sang.
La pièce se déroule ici en huis clos mais elle n’échappera pas aux flammes et au bruit qui proviennent de l'extérieur. En effet, une menace invisible vient s'ajouter au drame familial auquel nous assistons. Et cette menace semble être tout simplement le monde extérieur, les "gens" aux réactions imprévisibles, dont il est très souvent question dans les dialogues de Mouawad. L'Autre est d'autant plus menaçant qu'il n'est jamais montré... Les autres grands thèmes de la pièces sont l'intégrité (quels sacrifices sommes-nous prêts à faire pour défendre nos idéaux et nos convictions) et l'amour. L'amour est au centre de la pièce. C'est ce qui permet à la famille de faire face aux révélations et aux problèmes.
La pièce débute dans une certaine sobriété et évolue peu à peu vers l'étrange et le fantastique. Elle se termine dans un climax avec un événement que l'on ne pourra révéler dans cette chronique pour ne pas divulgâcher. Les mains d’Edwige au moment de la naissance est au final une pièce exigeante à la portée du grand public, car elle est racontée de manière limpide dans un dispositif scénique ultra-dépouillé.
