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Actualité

Vie culturelle
Entrée de secours

Et c'est parti pour une couple de semaines. Le Mois multi et ses découvertes, l'émerveillement, les rencontres et les messages qu'on voudra décoder dans les expos, spectacles, installation et j'en passe. Pour cette première fin de semaine, les spectacles sélectionnés se dérouleront tous au Complexe Méduse. 

Pour commencer, vendredi 25 janvier, le spectacle Eternity be kind et Mac(DEATH). En quelques mots, voici ce que j'ai pu en retenir. 

ETERNITY BE KIND

Myriam Bleau nous a offert toute une expérience pour démarrer le festival. Je suis cependant rester davantage sur le contenant que le contenu, dans une première version qu'elle offrait au public de Québec. Un presque Labo comme on nous le présentait avant d'entrer dans la salle. Un énorme écran de la taille du mur occupait la salle, rien de plus. On comprend vite que l'installation/spectacle se déroulera uniquement sur l'écran. Reste à voir ce que l'artiste s'apprête à nous proposer. 

Sur l'écran donc se matérialise une DJ (presque à taille humaine) qui nous invite tout d'abord à nous connecter au wifi interne et naviguer sur une page web. Le tout sur une musique électronique, au tempo et style changeant. La 'DJ' s'avère être aussi une danseuse, celle qui devait surement nous faire danser nous aussi, au rythme de la musique (peut-être pas assez de monde dans la salle pour que l'ambiance parte, ou peut-être le public était dans l'attente d'autre chose). Les décors sont faits de conceptions graphiques 3D simples changeant au rythme de la musique avec toujours le personnage censé nous "entertainer". 

Le fruit du concept ne m'a tout à fait rejoint, mais la réaction du public et la présence de cellulaire m'a interpelé. En effet, dès le début du spectacle, la voix nous demande de nous connecter. N'ayant pas mon cellulaire, je regarde les gens du public à savoir qui suivra la demande. De mon point de vue, l'intérêt du spectacle demeurait ici : le public suit-il ce qu'on lui dicte, au risque de perdre une partie du spectacle, les yeux rivés sur son cellulaire? ou fait il fi de la demande et reste focus sur ce qu'on lui donne sur l'écran géant. Mais en même, sans cellulaire, est-ce que je risquerais de manquer quelque chose de primordial à la conception et au message du show? (J'ai pu cependant regarder les quelques messages et images cadencées au son de la musique, que voulait nous faire passer l'artiste, sur le cellulaire de ma voisine). Le rapport au cellulaire dans les shows, le fait qu'on ne puisse passer plus de cinq minutes sans le regarder, le respect pour l'artiste (qui n'est pourtant plus présent sur scène), voilà les questions que je me suis posé tout au long du show du show. 

Un autre questionnement demeurait : est-ce l'avenir d'une soirée de musique électronique? L'artiste construit un show, un avatar s'occupe du public, et ce dernier conserve son cellulaire en main afin de profiter d'une offre complète, et qu'il ne panique à l'idée de le garder dans sa poche? Est-ce le début de la sédentarisation d'un DJ qui pourra travailler de chez lui? Le spectacle m'a fait réfléchir sur l'avenir de l'art offert au public, comme une claque et la question : «est-ce que ce sera ça dans 5 ou 10 ans?»

Crédit photo : LaTurbo Avedon



MAC(DEATH) 

Nous enchainons avec le projet mise en scène par Jocelyn Pelletier, MAC(DEATH). Mes attentes étaient dans le néant, je n'en avais pas tellement. On m'avait parlé de l'adaptation de la pièce de Shakespeare Macbeth, au cas où vos n'aviez pas saisi le jeu de mots, et on m'avait parlé de Doom-métal. J'avais eu vent du labo il y a quelques mois, auquel mon ami Jean-Étienne Colin-Marcoux avait participé; et avais vu quelques photos du concept. Des comédiens que je connaissais bien (notamment Guillaume Pérault, Caroline Boucher-Boudreault),  et Érick D'Orion à la direction musicale, m'indiquaient cependant qu'on pouvait s'attendre à une certaine qualité dans le rendu. WOW! Et quelle surprise, quelle réussite. Une heure de show, balancée entre textes, dialogues, dramaturgie (avec le duel MacDeath et Banquo, et la venue de Lady MacDeath) offerts magnifiquement et intensément, le tout à travers des morceaux d'un véritable show Doom métal, au cours duquel le public hand-bangait. L'alternance texte-musique était parfaite, la musique appuyant parfaitement le tragique de la pièce. 

Du maquillage dégoulinant au travers de la transpiration, des torses nus, et des riffs de basse et guitare incroyables. Les comédiens et Jocelyn Pelletier ont travaillé pour livrer de quoi de puissamment beau et tragique. Le spectacle offert pour une troisième fois (après notamment un dimanche après-midi dans le cadre du OFFTA, avec un public assis) a, cette fois-c, brillé et à guichet fermé. On vous souhaite de pouvoir les découvrir, que vous soyez fan fini de doom ou un consommateur de théâtre : vous serez conquis par un spectacle inusité. Du jamais vu à consommer sans modération. J'aurais même pris une quinzaine de minutes de plus, mais mieux vaut garder le public sur un high! 

Crédit photo : Marie Lassiat



ERSATZ

Le Français Julien Mellano du Collectif AÏEAÏEAÏE débarque à Québec pour nous offrir un spectacle jeunesse de manipulation de sons et d’objets. Mon accompagnatrice et moi-même y allons, un brin curieux, tout en sachant que le Mois multi offre ce volet. Je relisais avant l'entrée en salle, les Mots des commissaires, dont cet extrait m'a interpelé : «Revendiquons de convoquer l’enfance dans toute sa gravité et sa lumière, laissons-la guider nos élans. Revendiquons chaque occasion de nous retrouver collectivement en des endroits qui suggèrent des mondes possibles, qui nous propulsent dans le vivant, qui nous invitent à une contemplation commune.» Le feu Cercle - Lab vivant avait guidé sa mission et direction artistique autour de l'enfance, et c'est avec grand plaisir que je m'apprêtais à vivre l'expérience jeunesse, de me retrouver dans un public-collectif vivant intergénérationnel. Car oui le volet jeunesse s'adresse aux jeunes, mais aussi au moins jeunes curieux de saisir ce qui pouvait motiver l'artiste outre-atlantique, et ce qu'il allait nous offrir. 

J'ai été soufflé. 

Le personne mi-homme mi-machine découvre un environnement à travers des objets qu'il construit lui-même, au gré des objets qu'il ramasse sous sa table. Le micro calé dans la bouche, chaque mouvement de l'hybride, du clignement d'oeil au mouvement de la tête résonne dans la salle comme des sons robotiques. On croirait à un androïde, assez perdu pour nous faire rire! Tout au long de sa démarche, il découvre des objets connectés et echno qu'il tente d'apprivoiser pour découvrir, comprendre et vivre le monde tel un humain; c'est ce que l'on pourrait croire. Mais son chemin est semé d'embuches, et nul ne peut décider de son futur ou de sa fin. Tous les objets (et il y en a beaucoup) utilisés au cours de la présentation ont un sens et forment ensemble un tout. On les voit se construire et se déconstruire. On rit, on réfléchit sur le sens de tel agissement, ou tel regard. De l'ordinateur en carton rétro-éclairé, au cerveau fait de tissages, en passant par cette encyclopédie renfermant une mort symbolique refusée et un os devenu arme, on passe par une foule d'interprétations. Et finalement, le fait de ne pas tout comprendre nous fait réaliser qu'à travers ce que l'on vit, tout ne peut être expliqué ou contrôlé. Et qu'au final, vivre ces moments, accompagné ou non d'un mi-homme mi-machine, demeure l'essentiel. Chapeau M. Mellano. 

Crédit : Laurent Guizard


Tout le reste de la programmation et pour connaitre les expos, soirées électroniques : mmrectoverso.org 



 
 

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